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Péril sur la démocratie

Prévu pour aujourd’hui, 14 octobre, l’examen à l’ARP de l’initiative législative d’Al Karama concernant l’amendement du décret 116 relatif à la liberté de la communication audiovisuelle et portant création de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) a été reporté. Il continue cependant à susciter les condamnations et la désapprobation dans la mesure où les amendements ciblés tournent essentiellement autour de la suppression des licences, jusque-là obligatoires, pour la création de chaînes de télévision et radios,  et  les remplacer par une simple déclaration ! Le président de la Haica, Nouri Lajmi, estime d’ailleurs que le report de l’examen de l’amendement en question ne signifie pas l’abandon du projet, appelant la présidence du gouvernement à défendre son propre projet soumis au Parlement le 9 juillet dernier.   

Déjà, le Syndicat national des journalistes tunisiens, la Fédération générale des médias relevant de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), ainsi que des structures professionnelles et plusieurs composantes de la société civile, avaient confirmé leur rejet de l’amendement du décret 116.

Il est évident que les amendements que le projet de loi en question veut faire passer s’opposent aux principes de la Constitution de 2014 et aux engagements pris pour la défense et la protection de la liberté d’expression et de la presse, même si, au mois de juillet dernier et après le retrait, par le gouvernement Fakhfakh, du projet de loi présenté par le gouvernement Chahed, cette initiative a été approuvée, mais contre toute attente et de manière inopportune, par la Commission des droits et des libertés au Parlement.

Il est clair aussi qu’en l’absence de vision, de sagesse et surtout de bonne foi, les travers sont toujours les mêmes à l’hémicycle. C’est dire à quel point l’ARP aurait besoin aujourd’hui de députés qui ont la conscience éveillée, surtout que beaucoup d’entre eux ne sont pas à leur première dérive. Les dépassements qui ne cessent de porter atteinte à l’image de marque du Parlement tout entier se font l’écho d’une réelle crise de confiance. Une crise de confiance qui tient son nom de cette tendance à tromper l’opinion publique. Les discours et les justifications ne sont, en fait, qu’un prétexte qui en dit long sur des élus  de plus en plus à la dérive. Au vu de ce qu’ils ne cessent de laisser entrevoir, mais aussi de faire croire, on s’était longtemps demandé, et on se demande encore, s’ils sont vraiment capables de s’acheter une conduite face aux éboulements qui n’en finissent pas.

La coalition Al Karama est aujourd’hui dans l’inhabilité de gagner la confiance du peuple. Le discours et la méthode préconisés sont d’une mièvrerie désobligeante. On s’indigne d’un manque évident d’emprise et de persuasion. A aucun moment en tout cas, ses membres ne donnent l’impression de pouvoir se réhabiliter, encore moins trouver la bonne formule. On se désole pour l’ambiance et pour le travail au Parlement. Dans tout ce qu’un bon nombre de députés ne cessent de gâcher, la confusion a la même racine que le chaos. L’ordre se retranche. La discipline et le discernement, encore davantage. A travers pareille initiative, Al Karama tombe encore une fois dans ses travers. Cela nous amène à constater que la médiocrité n’est plus une affaire marginale, mais qu’elle fait désormais système dans la vie politique. L’abandon progressif des grands principes au profit d’approches circonstancielles, faites d’incompétence, ouvre la porte aux hommes enferrés dans le déni.

Mais la patience devient insoutenable. Surtout lorsque, d’un dérapage à l’autre, les choses prennent de plus en plus des tournures inquiétantes… 

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